Les réflexions sur le cadrage photographique n’est pas seulement le résultat de techniques et de signaux électriques.
Les pieds ne doivent jamais être coupés. Respectez la règle des tiers. Ne mettez pas trop d’espace au-dessus de votre tête.
Vous avez déjà entendu ces conseils, n’est-ce pas ? Moi, je les ai entendues des milliers de fois. Elles font partie des premières petites règles à mémoriser quand on parle de cadrage.
Très bien d’ailleurs, très utiles pour nous guider dans les premiers pas et un passepartout pour les suivants.
Mais que reste-t-il d’une liste de règles à puces quand je dois résumer le monde dans un rectangle ? le monde dans un rectangle ? Quand les sentiments débordent de l’image, quand l’infini des choses se déroule devant moi et que je n’ai qu’un œil et un doigt pour l’arrêter ?
doigt pour l’arrêter ?
Comment la vie est-elle comprimée dans une image ?
Selon Victor Stoichita, historien et critique d’art roumain, c’est le cadre qui sanctionne l’existence de l’image, qui l'”invente”, à partir de la vision naturelle de nos yeux, qui, du moins en apparence, n’a pas de limites.
Comment améliorer nos compositions
C’est donc la limitation qui détient la clé.
L’appareil photo devient fondamental, parce que c’est lui qui nous permet de limiter notre vision à la vision naturelle de nos yeux. Nous réduisons la largeur du regard, nous perdons la tridimensionnalité du regard, nous créons la limite.
Le système reflex nous permet de décider, à travers le viseur, quelle quantité de lumière laisser passer à travers l’objectif, montrant clairement ce qui apparaîtra dans le cadre, suggérant une vision isolée du contexte.
La question se pose de savoir si la créativité du photographe est indissociable d’un instrument qui lui permet de portionner la réalité en fonction du contexte.
instrument qui lui permet de portionner la réalité pour lui donner un sens, ou si elle dépend simplement de son regard.
Une vision un peu simpliste des choses, parce qu’après tout, sans outil le regard est dispersé, et sans regard l’outil est une boîte de conserve, vide et inutile.
Ce sont précisément les limites qui donnent du sens et de la beauté aux choses, comme la mort qui, par son inéluctabilité, donne un sens à la vie, comme un ourlet d’ombre qui suppose la lumière.
Nous comptons sur les artistes non pas tant pour nous dire des choses nouvelles et inimaginables, mais pour nous montrer ce que nous savions déjà et que nous ne pouvions pas voir par nous-mêmes.
La réalité se trouve devant nos yeux, mais sans regard pour l’encadrer, elle n’est qu’un amas d’impulsions électriques et de beauté qui passe et s’évanouit dans un souffle de temps.